L'évi­dence du lo­cal

Éditorial de Tracés n°3/2012

Date de publication
14-02-2012
Revision
19-08-2015
Jacques Perret
Ingénieur en génie civil EPFL, Dr ès sc. EPFL et correspondant pour TRACÉS.

On le sait maintenant avec certitude : nos modes de consommation énergétique seront fortement remis en question au cours des années à venir. Et au risque de se répéter, il conviendra impérativement de réduire notre consommation. Du côté de nos professions, il est naturel que les milieux de la construction participent à la définition des stratégies qui devront répondre à nos besoins en énergie. Une volonté de participation illustrée par le positionnement fort que la SIA vise dans ce domaine. A cet égard, certaines stratégies innovantes en matière de production d’énergie liée au bâti aboutissent à des résultats qui révèlent certaines évidences.
Deux des articles rassemblés ici exploitent un même filon : utiliser des éléments essentiels à une construction, mais dont la production d’énergie n’est pas la première raison. Que ce soit d’être en recouvrant les façades des bâtiments de panneaux solaires ou en profitant du potentiel thermique des sols par le biais de structures de fondation, les deux technologies ont un autre élément commun : la claire proximité entre la source de production énergétique et son possible lieu de consommation.
Cette logique n’a rien de révolutionnaire, puisqu’elle fait presque figure de règle dans les pays qui disposent de peu de moyens et que, dans un passé pas si lointain, elle guidait aussi en grande partie l’acte de bâtir chez nous. Il s’agit simplement de commencer par exploiter le potentiel de ce qu’on a sous la main, avant de vouloir créer du nouveau ou d’aller se fournir ailleurs. Si l’actualité récente montre que cette saine attitude risque d’aboutir à quelques dérives moins nobles (par exemple à travers une revendication nationaliste de labels du genre « made in chez nous »), il est nécessaire de la soutenir en raison de son évidente rationalité. Ceci d’autant plus qu’elle peinera certainement à s’imposer face au principal – et peut-être unique – arbitre reconnu par un grand nombre d’entre nous : la réalité économique. Le prix restera encore longtemps le premier critère de choix du consommateur, ceci en dépit d’une utopique émergence de labels écologique ou éthique.
Mais au-delà de ces considérations, il faut espérer que ce retour vers l’évidence du local ne soit pas vain et qu’il porte lui aussi son lot de fruits. Et que nous puissions alors un jour être, comme dit le poète : « Heureux, qui comme Ulysse, a fait un long voyage... »

 

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