Toyo Ito Lion d’or

13e Biennale d'architecture de Venise

Le pavillon japonais

Date de publication
15-10-2012
Revision
19-08-2015

Le pavillon japonais, Lion d’Or cette 13e Biennale, esquisse l’hypothèse d’une intervention collective sur un des nombreux sites dévastés par le tsunami
en 2010.
Se demander si l’architecture est possible sur un site à reconstruire n’a rien d’un pléonasme. 
La reconstruction en cas de désastre majeurs, se passe souvent du savoir-faire des architectes, plus lent à se déployer car plus spécifique. Elle est le plus souvent l’affaire d’entrepreneurs qui ont les moyens de répondre dans l’urgence par des solutions préfabriquées.
Le projet piloté par Toyo Ito fait le pari d’une intervention qui prendrait le temps de comprendre. Un travail d’équipe qui consisterait à réoccuper un espace totalement ravagé par la vague. La Maison pour tous serait le support pour un nouveau départ. Il n’est plus tant question de répondre à des besoins vitaux, (se loger/travailler) que de rétablir la légitimité symbolique ou spirituelle d’occuper cet espace. La Maison pour tous est une sorte de temple agnostique qui préfigure le retour des habitants sur une région côtière. Elle se sert de troncs d’arbres, comme pour ne pas oublier les bois qui ont été rasés par la vague. Elle oppose à l’illusion de résistance et de rigidité une fragilité qui peut s’avérer salvatrice. 
Mais doit-on le rappeler ? C’est la certitude que la technique pourra protéger l’homme des éléments qui s’est révélée fatale. La conviction que la maîtrise du nucléaire permet de tout prévoir, l’assurance que les digues ne peuvent pas lâcher, l’espoir que le système d’alerte le plus performant du monde permettra d’épargner le plus grand nombre. Face à cette croyance illusoire, le projet propose la fragilité. Fragilité d’une structure en troncs apparents. Fragilité d’une architecture qui nous tient alertes, justement parce qu’elle ne promet pas de nous protéger. Le projet s’efforce ainsi de ressusciter la mentalité des générations de Japonais qui ont vécu en bord de mer et qui ont survécu, précisément parce qu’ils se sentaient vulnérables. 

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